jeudi 28 avril 2016

Eglise Sainte Radegonde - Poitiers

L'église Sainte Radegonde se dresse en contrebas de la cathédrale, dans la vallée du Clain. Plus discrète que Notre Dame la Grande, elle n'en est pas moins importante puisqu'elle abrite le tombeau de Radegonde, épouse de Clothaire Ier, roi des Francs.

Radegonde, fille du roi de Thuringe, est capturée avec son frère par le roi Clothaire Ier, qui finit par l'épouser. Clothaire fait tuer son frère, elle s'enfuit puis avec l'aide de Médard, évêque de Noyon, elle est consacré religieuse. Elle se fixe à Poitiers et fonde une abbaye, pour laquelle elle a reçu une relique de la Sainte Croix. Elle fait construire hors les murs une église pour assurer la sépulture de sa communauté. Elle y sera enterrée en 587 et l'église prendra son nom par la suite.

L'église actuelle a été construite entre le XIème (clocher-porche et chevet) et le XIIIème siècle (nef), avec quelques modifications postérieures (portail d'entrée XVème siècle).

En venant de la ville, on découvre en premier lieu le clocher-porche du XIème siècle. Cette tour de 33 m. a une base carrée sur 3 niveaux pour se terminer par un dernier étage campanaire octogonal. Les niveaux sont séparés par une corniche à modillons figurés. Les baies en plein cintre (géminées au dernier niveau) sont entourées sur les deux derniers étages de colonnes à chapiteaux feuillus. Au XVème siècle, on adjoint au porche un magnifique portail sculpté, de style gothique flamboyant et le tout est précédé d'un des rares parvis de justice encore préservé, enceinte où le chapitre exerçait sa juridiction où l'on trouve encore les bancs et la chaire du juge.

Clocher-porche - XIème s.

Clocher-Porche

Etages campanaires

Clocher-porche - XIème s.

Portail gothique et parvis de justice

Parvis de justice

Portail gothique

Portail Gothique


En contournant l'église par le Nord, on longe la façade gothique et ses épais contreforts en traversant l'ancien cimetière, avant d'arriver sur le chevet. Le chevet roman présente 3 chapelles rayonnantes, une abside haute à pans coupés et un pignon triangulaire surmonté d'une flèche. Les baies en plein cintre sont encadrées de colonne à chapiteaux au décor végétal ou historié.

Chevet

Chevet (chevet plat de la cathédrale en arrière plan)

Baie du chevet

Chapiteau sculpté du chevet

Chapiteau sculpté du chevet


On pénètre dans le l'église par le clocher-porche. De part et d'autre de l'entrée se trouvent deux bas-reliefs romans présentant le Christ et Radegonde et provenant certainement de l'ancienne façade. Le contraste est grand entre le clocher-porche roman et la nef gothique : aucune harmonisation n'a été cherchée par les architectes car la partie romane était destinée à être détruite et remplacée. Les quatre travées de la nef unique (sans transept ni collatéral) s'élèvent sur deux niveaux et sont couvertes de voûtes bombées de style Plantagenêt, comme la cathédrale. Les deux niveaux sont séparés par une corniche à modillons sculptés. Chaque travée est rythmée par trois arcatures à colonnes et chapiteaux feuillus ou historiés. Les vitraux du niveaux supérieur sont des XIIIème et XIVème siècle.


Bas-relief XIème s. - Ste Radegonde

Bas-relief XIème s.
Nef gothique - XIIIème s.

Détail du décor sculpté de la nef

Détail du décor sculpté de la nef

Vitrail de la Nef - XIIIème-XIVème s.


Le chœur roman est directement éclairé par les baies de l'abside haute et du déambulatoire et est très coloré par rapport à la nef. Les peintures murales sont du XIIIème siècle mais ont été malheureusement largement retouchées au milieu du XIXème siècle. Les chapiteaux des colonnes séparant la partie centrale du déambulatoire sont du XIème siècle et présentent des feuillages et des lions dressés pour la plupart. Un chapiteau historié présente sur une face la tentation d'Adam et Eve et trois scènes du Livre de Daniel sur les autres faces.

Chœur

Fresques XIIIème s. (très retouchées au XIXème s.)

Chapiteau du chœur

Chapiteau du chœur



Le chœur a été surélevé pour laisser apparaître la crypte où se situe le sarcophage de Ste Radegonde, source de pèlerinages. Sainte Radegonde est également à l'origine d'une des légendes de Poitiers : elle aurait, grâce a une croix et de l'eau bénite, tué la Grand'Goule, dragon terrifiant qui hantait la ville.

Crypte et sarcophage de Ste Radegonde


Parmi toutes les églises de Poitiers, il ne faut pas négliger, lors de sa visite,  Ste Radegonde qui présente de beaux éléments romans biens que dénaturés pour certains par des "restaurations" modernes.