mardi 28 avril 2015

Les chaos granitiques de Largeasse

La nature crée parfois des paysages enchanteurs, emprunts de mystères. Les chaos granitiques de la commune de Largeasse en Gâtine poitevine sont de ces paysages.

Le mot chaos traduit l'idée de désorganisation, de désordre. Faut-il y voir alors, les restes d'une bataille de géants se jetant des pierres ou les traces du passage d'un géant ayant secoué ses bottes, les mottes de terre s'étant transformées en pierres avec le temps ?... Toutes les explications mystérieuses sont bonnes pour faire briller les yeux des enfants et les inviter à parcourir un monde imaginaire.

Aujourd'hui si calme, si agréable, si ludique, ce décor est en fait le résultat de plus de 5 millions d'années d'érosion : l'eau s'infiltre dans les failles du granite pour former d'abord arènes et blocs anguleux qui s'arrondissent peu à peu ; le sol gorgé d'eau fait glisser arènes et blocs arrondis en contrebas ; l'eau courante déblaye les arènes granitiques laissant ça et là les blocs arrondis, parfois isolés (chirons dans le patois local), parfois en équilibre l'un sur l'autre (les rochers branlants ou merveilles), parfois en amas (chaos).

Le chaos granitique de la Morelière plus souvent appelé le rocher branlant est très facilement accessible. En arrivant sur le site, on est d'abord marqué par les prouesses de la nature : un chêne remarquable semble avoir transpercé un bloc de granite pour prendre toute son ampleur, et cet exemple est loin d'être isolé.
Le point d'orgue de ce site est le rocher branlant ou merveille : bloc arrondi tenant miraculeusement en équilibre sur un autre bloc. Selon les traditions locales, ces merveilles aurait pu servir de pierres de jugement en particulier pour les femmes accusées d'adultère : elles étaient disculpées si elles arrivaient à "mettre en branle" ces roches. Dur jugement : nous avons essayer seul ou à plusieurs et nous n'avons jamais pu le faire bouger !

Le chêne remarquable poussant au milieu du rocher

Un autre...

Et encore...

Mais ou puise-t-il son énergie ?

Le rocher a vaincu l'arbre ?

Et au milieu coule une rivière !

Un énorme bloc scindé

Le Rocher Branlant

Le chaos du Boussignoux est plus confidentiel : pas d'aménagement pour atteindre le site, un simple bas-côté de route communale pour se garer, un panneau indiquant le site et un chemin à l'orée du bois parsemés de bloc affleurant à peine. Quelque centaines de mètres et nous voilà au milieu des rochers, on entend l'eau qui coule, mais on ne la voit pas : les rochers cachent le Ruisseau des Brandes, affluent de la Sèvre Nantaise. On saute de bloc en bloc pour enfin apercevoir cette rivière : mais comment se faufile-t-elle sous cette amas massif de pierres ? Le chaos rassemble plusieurs centaines de blocs sur près de 150 mètres le long de la rivière. Au moins deux légendes sont reliées au site : l'une y faisant le lieu de refuge d'un ermite et l'autre y faisant intervenir un bœuf, symbole de fertilité, qui aurait laissé des empreintes sur une des roches... Le site a fait l'objet de pèlerinages jusqu'à la seconde Guerre Mondiale.

Je vous assure que l'eau coule sous ces rochers.

Encore un arbre qui aime la difficulté !

Enchevêtrement de roches

sur près de 150 mètres...

"C'est un trou de verdure où chante une rivière..." mais où ?

Et la voilà qui apparaît !

Enchanteur non ?

Laissez votre esprit vagabonder dans ce pays magique ! Retombez en enfance !
Ou profitez de cette promenade familiale pour parfaire vos connaissances sur la géologie.

mercredi 15 avril 2015

Les vitraux de la cathédrale de Metz

Avec ses 6500 m² de vitraux, ses deux verrières de 424 m² (les plus grandes verrières gothiques), la cathédrale de Metz a bien mérité son surnom de "Lanterne du Bon Dieu". Étant donné cette grande surface, tout l'intérêt pour le visiteur de la cathédrale réside dans le fait de pouvoir balayer l'évolution de l'art du vitrail du XIIIème au XXème siècle.

La plus vieille verrière de la cathédrale est typique du XIIIème s. : à dominante bleu (comme ceux de Chartres), rouge et vert. Elle représente des scènes de la vie de Saint Paul et n'a été installé à cet endroit qu'au XVIIIème s. après la destruction de l'ensemble cathédral et de l'église Saint Paul qui l'abritait. Cinq autres médaillons du XIIIème s., dans la dernière travée de chaque bas côté, représentent le donateur, l'Annonciation, Saint Paul et Saint Étienne, la lapidation de Saint Étienne et le martyre de Saint Barthélémy. Une autre rose du XIIIème s. provenant du chœur de Notre-Dame-La-Ronde représente le couronnement de la Vierge entourée d'anges dans les médaillons.

La vie de St Paul

St Paul et St Etienne - La lapidation de St Etienne - Le martyre de St Barthelemy

Le couronnement de la Vierge

Le XIVème siècle est représenté par la grande verrière de la façade Ouest d'Hermann de Munster, inhumé au pied de son œuvre. Cette verrière est marquée par une couleur dominante blanche : le verre est teinté dans la masse et non plus peint (cette technique permet d'alléger les coûts). Le décor est gothique : un petit personnage figé sur un fond foncé au milieu d'une structure architecturée de style gothique flamboyant tout en longueur. La grande rose présentant rois, patriarches, prophètes et apôtres est surmontée d'une crucifixion de près de 2 m encadrée par la Vierge et St Jean. Au XVIIIème s. le percement du portail Blondel sur la façade Est ampute la verrière d'un registre : elle faisait jusqu'alors partie des plus grandes verrières du Monde.


La verrière d'Hermann de Munster

La grande rose surmontée de la crucifixion

Le registre inférieur


Le XVème s. est moins visible : 3 baies des fenêtres hautes et quelques vitraux dans le transept nord.
Les deux verrières du transept de 424 m² sont du XVIème s. : 17 ans d'écart mais tellement de différences. La verrière de Théobald de Lixheim au Nord  de 1504 est ancrée dans le style gothique, très semblable à celle d'Hermann de Munster : personnages figé dans un décor architecturé élancé. Lui fait face la verrière de Valentin Bousch de 1521 déjà tournée vers la Renaissance : des personnages évoluant deux par deux dans une architecture italienne, un début de perspective, des couleurs plus vives et claires. Valentin Bousch date et signe son œuvre et représente les donateurs, soit le chanoine Otto Savin, doyen du chapitre et son neveu Evrard Marlier.
Les vitraux du chœur sont également de Valentin Bousch et ses élèves. Il ont été offert par la famille des Ducs de Lorraine, alors que Jean IV de Lorraine était évêque de Metz et bien que Metz n'ait jamais fait partie du Duché de Lorraine.
De nombreux vitraux du déambulatoire sont également du XVIème s. et de l'atelier de Valentin Bousch, même si certains n'ont été installé qu'à la fin du XIXème et proviennent de l'église Ste Barbe. Comme sur la grande verrière, y figurent les donateurs et leur famille en particulier la famille Baudoche.

Théobald de Lixheim

Transept Sud - Valentin Bousch

Détail de la verrière de Valentin Bousch

Détail de la verrière de V. Bousch

Vitraux du chœur

Vitraux du chœur

Déambulatoire - Vitrail provenant de l'église Ste Barbe



Le XIXème siècle est partagé entre les verrières de Laurent-Charles Maréchal, artiste messin très prolifique, chef de fil de l'Ecole de Metz et les verrières de l'Annexion, principalement de Mayer de Munich.

Mayer de Munich

Saint Arnould - Mayer de Munich


Le XXème siècle est sans aucun doute le plus connu avec des artistes de renom comme Chagall. A partir des années 50, l'architecte en chef des Monuments Historiques Robert Renard lance un vaste programme de commandes de vitraux à des artistes contemporains pour remplacer des verrières abimées par le temps ou les conflits.
Le programme commence discrètement avec les fenêtres hautes de Jean Gaudin et son père Pierre de 1954 à 1958. Côté Nord, les saintes vénérées dans le Pays Messin et côté Sud les saints. J'aime particulièrement ces vitraux qui me rappellent les vitraux gothiques : un personnage figé dans un décor tout en longueur.
En 1957 sont installés les vitraux de Jacques Villon, frère de Marcel Duchamp, dans la chapelle du Saint-Sacrement, en remplacement de vitraux de Maréchal abimés en 1944. Villon représente de gauche à droite l'Agneau Pascal, la Cène, la Crucifixion, le miracle des noces de Cana et la scène du Rocher d'Horeb.
En 1960, deux vitraux abstraits de Roger Bissière sont installés face à face : comptant 422 pièces au m², le vitrail aux couleurs froides est installé au Nord et celui aux couleurs chaudes est installé au Sud.
Marc Chagall signe 3 baies installées entre 61 et 65. la verrière du transept représente la création d'Adam, le création d'Eve, le Péché originel, Adam et Eve chassés du Paradis. Dans le déambulatoire, sont représentés le Sacrifice d'Abraham, la Lutte de Jacob avec l'ange, le Songe de Jacob, Moïse et le buisson ardent, Moïse recevant les tables de la loi, David jouant de la lyre à Bethsabée, Jérémie et l'exil du peuple juif. En 68 et 70 il réalise les verrières du triforium du transept Nord : compositions florales.

Gaudin père et fils

Gaudin père et fils

Gaudin père et fils

Roger Bissière

Roger Bissière

Jacques Villon


Les Noces de Cana - Jacques Villon

La Cène - Jacques Villon

Marc Chagall

Marc Chagall

Marc Chagall