mardi 17 février 2015

Le Graoully - Metz

Ni architectural, ni naturel, le Graoully fait pourtant, sans conteste, partie du patrimoine messin. Il est représenté partout dans la ville, sur la gare, la cathédrale bien sûr et jusque sur le blason du FC Metz aux cotés de la croix de Lorraine. Il tend à être un symbole de la ville : aucun Messin n'ignore la légende du Graoully.

A l'instar de la Tarasque à Tarascon ou de la Grand'Goule à Poitiers, le Graoully est une bête légendaire qui terrorisait la population locale et fut maîtrisée et chassée par un religieux devenu depuis Saint (St Clément à Metz, Ste Marthe à Tarascon et Ste Radegonde à Poitiers).

La légende raconte que le Graoully, sorte de gros dragon avec de courtes pattes griffues et de puissantes ailes, qui avait fait des ruines de l'amphithéâtre romain son antre, terrifiait les Messins, et en mangeait chaque jour une douzaine. Les habitants demandèrent, pour se débarrasser du monstre, l'aide de Saint Clément, connu pour ses miracles et nouvellement arrivé dans la région pour l'évangéliser. Saint Clément, d'un signe de croix, maitrisa le Graoully, le mit "en laisse" avec son étole, l'entraîna vers la rivière Seille et lui ordonna de la traverser. Terrorisé le monstre ne revint pas et la ville fut définitivement libérer du dragon.

Une ritournelle populaire chante la légende ainsi :
Il y a bien longtemps,
Je le sais par mère-grand,
Vivait dans notre pays
Un dragon appelé Graoully.
Il dévorait chaque matin
Une douzaine de Messins.
Dieu compatissant
nous envoya Saint Clément.
Celui-ci prit son étole,
Il en fit un bon licol.
Puis la bête il emmena
Et dans la Seille, il la noya !
A la cathédrale vous la verrez
Car elle y est, bien empaillée.
Allez la voir. Ne craignez rien : 
Elle est sous la garde du sacristain !

Née au Moyen Age, cette légende légitime la religion chrétienne sur le paganisme : c'est la victoire du Christ sur le Diable, du Bien sur le Mal. Dès le XIIIème siècle, on commémore ce miracle par une procession de l'effigie du Graoully à travers la ville (une effigie est actuellement conservée dans la crypte de la cathédrale, la tête date du XVIème siècle, le corps a été refait au XIXème siècle : il faut dire que le Graoully était largement malmené par la population lors des processions). De passage à Metz, François Rabelais rappelle ainsi l'évènement dans le Quart Livre : "C’estoit une effigie monstrueuse, hydeuse et terrible aux petits enfants, ayant les yeulx plus grands que le ventre, et la teste plus grosse que tout le reste du corps, avecques amples, larges et horrifiques maschoueres, bien endentelées tant au-dessus comme au-dessoubs, lesquelles, avecques l’engin d’une petite chorde cachée dedans le baston doré, l’on faisait l’une contre l’aultre terrifiquement cliqueter, comme à Metz l’on faict du dragon de Sainct Clemens."

Au delà de l'effigie des processions, l'image et le nom du monstre a été largement diffusé à travers les siècles. Aujourd'hui, on le retrouve même dans une boule à neige et des bonbons portent son nom !


Pour compléter vos connaissances sur le Graoully, les bibliothèques-médiathèques de Metz viennent de publier dans la collection Figures de Metz le livret "Graoully - Le dragon de Metz". N'oubliez pas non plus "Clémentine et le Graoully" de Lionel Larchevêque aux éditions Le thé aux histoire : un conte pour enfant inspiré de la légende suivi d'un dossier pédagogique sur le monstre messin.

Crypte de la cathédrale

Portail Nord de la cathédrale

Portail de la Vierge - Cathédrale
Portail de la Vierge - Cathédrale

Détail retable - Cathédrale

Vitrail XVIIIème s. - Cathédrale

Rue Taison

Rue Taison

Gare

Gare

ENIM - Œuvre de Jean-No et Johu Thiam

ENIM - Œuvre de Jean-No et Johu Thiam

Peinture murale rue Lothaire


dimanche 1 février 2015

Le Temple Neuf - Metz - Monuments historiques

Le Temple Neuf, édifié entre 1901 et 1904 et classé dès janvier 1930, est un monument emblématique de Metz : emblématique d'une époque et emblématique des amateurs de photos nocturnes. Ce n'était pourtant pas gagné d'avance ! En effet, les Messins ont largement protesté contre le projet, qui tranche vraiment avec l'architecture classique de l'opéra-théâtre attenant et qui se situe sur le "jardin d'amour" alors occupé par des marronniers centenaires.

Construit lors de l'Annexion allemande (1870-1918), le Temple Neuf doit faire face à l'arrivée massive de nouveaux Messins d'origine allemande et de confession protestante. Un premier temple a été construit en 1881 tout près à destination des hommes de garnison, mais ouvert aux civils. Une église luthérienne naît dès 1893, rue Mazelle, alors que Montigny-les-Metz se dote d'un temple en décembre 1894. D'autres suivront dans l'agglomération messine : le temple de Queuleu en 1904 et le temple de Longeville en 1908. L'idée d'un nouveau temple date de 1872 mais ne devient réel qu'en 1886 lorsque les autorités présentent un cahier des charges bien précis : situation centrale dans la ville, style typiquement allemand et architecture laissant apparaître la vocation protestante du lieu.

Le projet de Conrad Wahn, architecte de la ville, s'inspire largement des cathédrale de Spire et de Mayence. D'abord prévu en grès rose, on opte finalement pour du grès gris des Vosges  et un soubassement en basalte noir, mais pas de pierre de Jaumont, comme l'auraient voulu les autorités messines. Cette pierre grise accentue le décalage stylistique avec l'opéra-théâtre et le reste de la ville "française". La façade austère est encadrée de deux hautes tours carrées. Le portail central décoré de feuillages accueille en un médaillon l'agneau mystique, symbolisant le Vendredi Saint jour de la crucifixion (fête la plus importante du calendrier liturgique protestant). De part et d'autre des arcatures centrales sont sculptées les symboles des quatre évangélistes (le lion représentant Marc arbore une moustache impériale !). C'est le sculpteur messin Timoléon Guérin qui se charge des 200 m. de moulures et des 890 pièces sculptées. Le temple est pourvu de nombreuses galeries bordées d'arcades à colonnes de grès rose purement décoratives. Le choeur est fermé par une abside semi-circulaire et est dominée par la tour octogonale de la croisée du transept (tour lanterne). L'intérieur, comme l'exige la tradition réformée, est très sobre.


Le site, à la pointe de l'île du Petit Saulcy formée entre deux bras de la Moselle, fait beaucoup dans le charme du monument, et sa tour lanterne porte d'autant mieux son nom de nuit.

Le Temple de Garnison - 1881

Eglise Luthérienne - 1893

Temple de Queuleu - 1904

Temple Neuf et Théâtre classique

Façade


Portail central

Choeur et tour lanterne


Au bout de l'île...


Immergeant de la verdure

Au crépuscule

Classique vue de nuit




Temple Neuf et Cathédrale