mercredi 30 avril 2014

En Fournirue - Metz - Monuments historiques

En Fournirue est une rue emblématique de la ville de Metz :

  • Elle correspond au Decumanus Maximus, axe est-ouest structurant la ville romaine (avec le Cardo Maximus, actuelle rue Serpenoise).
  • Elle fut l'une des rues les plus commerçantes de la ville jusqu'à l'arrivée du chemin de fer en 1850.
  • Elle est la plus connue des rues de Metz au nom construit étrangement : Fourni-Rue. Il semble que ce type de construction de nom de rues soit un reliquat médiéval, généralisé en Allemagne et que l'on retrouve aussi en Wallonie, notamment à Liège. Il en existe une bonne douzaine à Metz dont En Fournirue, En Jurue, En Nexirue, En Chaplerue, appellations anciennes et la tradition est reprise fin XXème siècle avec En Nicolairue, En Chauderuelle, En Nouvellerue... . Elle tire son nom des fours des artisans nombreux dans cette rue, qu'ils soient fourniers du XIème au XIIIème siècle, forgerons, armuriers ou orfèvres à partir du XIVème siècle
En Fournirue, longue de 300 m compte pas moins de quatre bâtiments protégés au titre des monuments historiques.

Fenêtre d'angle (n°36)
Seule la fenêtre d'angle de cet immeuble est inscrite depuis 1930. Il s'agit d'une petite ouverture renaissance  du XVIème siècle qui casse littéralement l'angle de ce bâtiment plutôt massif dans sa structure. L'appui est orné de losange et la fenêtre est surmontée d'une frise à motifs torsadés.



Immeuble (n°60)
Cet immeuble du XVIIIème siècle, de style néo-classique est inscrit depuis 1929 (façade sur rue). Sur quatre niveaux, les encadrements des fenêtres en pierre de Jaumont sont surmontés par des tympans en arc surbaissé ornés de clés sculptées.





La Maison des Têtes (n°51)
Cet immeuble de structure gothique mais de décoration renaissance, de 1529, est inscrit  depuis 1929.
Cette maison construite par un riche orfèvre messin a été détruite à la construction du Centre Saint-Jacques et seule la façade sur cour a été déplacée à son emplacement actuel. On retrouve aisément dans sa structure les 3 étages des maisons gothiques. Les étages sont marqués par des moulures dont une torsadée.
Elle tient son nom des cinq bustes présents sur la façade, qui ne sont que des copies (4 originaux sont conservés au Musée de la Cour d'Or, celui du centre est au Museum of Fine Arts de Boston). Outre ces cinq bustes (un sixième buste aurait été identifié en 2013 sur une photo archivé au Louvres) semblant sortir des tympans des fenêtres et dont l'identité et la symbolique sont énigmatiques, deux linteaux de porte sont décorés.
Le linteau de la porte de la cage d'escalier porte la date de 1529 sur un écu. Le tympan de la porte d'entrée accueille un riche bas-relief gallo-romain, récupéré lors des fouilles du quartier par le beau-père du propriétaire. Ce bas-relief, finement sculpté représente un scène de chasse au lion.
Le tympan de la fenêtre de la cage d'escalier est décoré d'un médaillon personnifié porté par deux personnages.
Par ailleurs, une niche richement sculptée pouvant accueillir une statue coupe l'angle du bâtiment. Quant à la gouttière, elle est entourée à son extrémité d'une gargouille représentant un chien lové.










Immeuble (n°63)
La façade de cet immeuble de la deuxième moitié du XVIIIème siècle est classée depuis mai 1975.
Comme la Maison des Têtes, cet immeuble a été déplacé lors de la construction du centre Saint Jacques, et était située au préalable rue de la Chèvre. Il s'élève sur quatre niveaux séparés par des bandeaux en pierre de Jaumont. Les encadrements de fenêtre sont surmontés d'agrafes semi-circulaires dont s'échappent guirlandes de fleurs et de fruits.
L'autre façade présente une façade "torturée", les nombreuses ouvertures laissent apparaître des éléments anciens.






vendredi 18 avril 2014

Entre la place Saint Louis et la gare - Metz - Monuments historiques

Autant il fut facile d'isoler le quartier Outre-Seille pour présenter les monuments historiques de Metz de part ses limites bien définies, autant la compartimentation des autres quartiers de l'ancienne ville est beaucoup plus difficile et donc plus arbitraire.
Ici entre la place Saint Louis et la gare, nous comptons 7 monuments historiques auxquels j'ai ajouté l'église Notre Dame et la chapelle de la Miséricorde. Quant à la place Saint-Louis, même si je l'évoque si dessous, elle fera l'objet d'un article à part entière.

Place Saint-Louis
Ce sont les immeubles de la rue du change et de la place St-Louis sous les arcades qui sont classés depuis 1929. Ces immeubles sont édifiés sur l'enceinte gallo-romaine devenue inutile après la construction des fortifications médiévales d'Outre-Seille. La structure des maisons de la place laisse deviner la fonction première de ce lieu au moment de leur construction : le commerce. Redevenue piétonne depuis quelques années, nous pouvons en apprécier aujourd'hui toute sa beauté en terrasse de café ou en participant aux différentes manifestations qui y sont organisées comme le marché de Noël.







Notre-Dame
Cette église classique édifiée entre 1668 et 1741 par les Jésuites, en lieu et place d'un temple calviniste, est classée depuis 1968. Les Jésuites ont occupé cette église jusqu'en 1762 avant de la céder à des moines bénédictins. Avec la Révolution, elle devient le siège des Jacobins, puis le temple décadaire (lieu des fêtes des décadis et de célébration des mariages civils). Le culte catholique y est rétabli en 1803. C'est dans cette église qu'est célébré le baptême de Paul Verlaine en 1844. Sa façade à deux niveaux en pierre de Jaumont et tout juste rénovée est sobre en dehors du tympan central et du décor sculpté d'arabesques et de végétaux du second niveau. A l'intérieur, malgré les occuli percés dans la voûte des bas-côtés, l'église est relativement sombre en raison de peintures monumentales et de boiseries recouvrant les murs latéraux.












Chapelle de la Miséricorde
Face à l'église Notre-Dame, dans la cour d'une école élémentaire se dresse cette petite chapelle romane du XIIIème siècle, classée en 1968. Sa fonction première est mal définie, mais l'absence de décor religieux laisse à penser qu'il s'agissait probablement d'une salle de représentation d'un riche bourgeois, partie d'un ensemble plus important aujourd'hui disparu. Les soeurs de la Miséricorde font l'acquisition du bâtiment à la fin du XIXème siècle et l'intègrent à l'école qu'elles créent. En 1964, les soeurs déménagent, le collège est détruit exceptée la chapelle à laquelle on a ajouté des contreforts pour résister à la destruction des bâtiments adjacents.
A l'intérieur, la salle est voûtée en croisée d'ogive et les colonnes sont sculptées d'un décor végétal , d'animaux fantastiques et de portraits d'un bourgeois, sa femme et sa fille. Le tympan de la porte d'entrée représente un motif religieux, mais est-ce un original ou un ajout du XIXème siècle ?






Hôtel de Gournay
Seules la porte d'entrée et les deux rampes d'escalier en fer forgé, de style néo-classique sont inscrites en 1929. Cet hôtel particulier construit au XVIème et modifié aux XVIIème et XVIIIème siècles porte le nom de son premier propriétaire, la famille des Gournay, puissante famille messine qui a compté 35 maîtres-échevins. Cette famille possède également une chapelle dans l'église Saint-Martin accessible par le parc situé à l'arrière du bâtiment. La maison appartient par la suite à la famille Lassalle et verra la naissance du général de Napoléon Ier, Antoine-Charles Louis de Lassalle.





Eglise Saint-Martin-aux-Champs
Construite au XIIIème siècle et surmonté d'un clocher de la fin du XIXème siècle, l'église est classée depuis 1925. (cf. article spécifique du 24/03/2014)







Fontaine Coislin
Vestige hors de fonction actuellement, la fontaine Coislin construite en 1746 est classée depuis 1929. Cette fontaine est érigée contre la caserne construite par Henri-Charles du Cambout, duc de Coislin et évêque de Metz. Au début du XXème siècle, la ville en devient la propriétaire et maintient la fontaine malgré la destruction de la caserne. En 1940, les Allemands la déplace sur les Hauts de Sainte Croix contre le mur de l'ancien couvent de la Visitation, face au musée. En 1957, la fontaine retrouve sa place à quelques mètres près. Une inscription présente les raisons de la construction de la caserne attenante, une autre en latin présentait sur le fronton le commanditaire. Le sculpteur Simar a figuré les armes de la ville et de son commanditaire. Les Allemand ajoutent la tête de lion en 1940.





Immeubles 9 et 11 rue de la Fontaine
Le numéro 9 est classé en 1994, le numéro 11 est d'abord inscrit en 1994 et partiellement classé en 1995 (décors médiévaux et plafond peint du 2ème étage. Ces immeubles du XIVème siècle sont à l'origine en retrait par rapport à la rue. Ils subissent un réalignement au XVIIIème siècle et les façades en sont modifiées.






Hôtel de Heu
Tirant son nom d'une famille de patriciens originaires de la province de Liège, l'hôtel de Heu édifié en 1480 est classé partiellement en 1990 (porche d'entrée, escalier à double révolution, grande salle incluse dans les premier et deuxième étages et ses fenêtres en façade). Après la famille de Heu, il est acquis par le compte de Montgomery, puis par Anne d'Autriche qui y fonde un séminaire (les religieux occuperont les lieux jusqu'en 1792). Aujourd'hui, c'est un lieu d'habitation et de commerces. Le porche voûté en croisées d'ogives attire l'attention sur ce bâtiment et quand on y regarde de plus près, on apprécie également le décor gothique des fenêtres.










Hôpital Saint-Nicolas
Le portail du XVIème siècle est inscrit depuis 1939, le corps de bâtiment et la façade sur cour depuis 1993, la fontaine du XVIIIème siècle est inscrite depuis 1929. L'Hôpital Saint-Nicolas fondé dès le IXème siècle est au XIIIème siècle le principal hôpital de la ville et bénéficie de nombreux droits dont celui de l'habit des morts : lors du décès d'un habitant de la ville, son meilleur habit devait être cédé pour l'entretien des ponts en pierre de la ville. Ce droit appliqué jusqu'à la révolution donne son nom au principal pont traversant la Moselle en direction du Ban-Saint-Martin : le pont des morts. L'hôpital maintes fois remanié au fil du temps en particulier au XVIème siècle a fermé en 1986. Le décor du portail de style gothique flamboyant date de 1514.
La fontaine construite en 1739 a été restaurée en 1859 et a donné son nom à la rue adjacente. Elle est ornée d'une statue de Notre-Dame des Prisonniers installée en 1948, sous les traits de Soeur Hélène Studler, célèbre résistante messine.









Hôtel du Neufbourg
Cet immeuble, exemple de l'architecture Renaissance, de la fin du XVIème et du début du XVIIème siècle est inscrit en 1989 (porte, façades et toitures sur rue et sur cour, cave à colonnes). Il passe quasiment inaperçu, car bien souvent les passants le longent et pourtant lorsque l'on traverse la place Saint-Nicolas, il se détache nettement des bâtiments adjacents. S'élevant sur trois niveaux, on remarque les fenêtres géminées du dernier étage. Le portail surprend par son ornementation de crânes de boeufs sculptés alternant avec des rosaces.






Voilà bonne visite dans ce quartier entre gare et centre-ville, dans lequel, bien souvent, on ne fait que passer !